Joueur emblématique du FC Nantes entre 1970 et 1984, Patrice Rio, quadruple champion de France avec les Jaunes (1973, 1977, 1980 et 1983), est revenu sur la disparition de Michel Hidalgo ce jeudi après-midi, à l'âge de 87 ans. L'ancien défenseur central des Canaris, également vainqueur de la première Coupe de France du FCN en 1979 se souvient de celui qui sera resté plus de 8 ans à la tête de l'Équipe de France (1976-1984), avant de voir un certain Henri Michel lui succéder en 1984. Il raconte.
Que ressentez-vous après l'annonce du décès de Michel Hidalgo, ce jeudi ?
Patrice RIO : "J'ai appris son décès, oui. Maintenant, je ne suis que moyennement surpris parce qu'il y a deux, trois semaines de cela, j'ai eu l'occasion de voir une photo de lui dans sa chambre, entouré de ses proches et malheureusement, on pouvait penser que cette situation pourrait ne pas durer très longtemps. J'ai encore cette image de lui en tête. Il était quasiment méconnaissable. J'espère, une fois l'épidémie du Covid-19 passée, qu'on pourra honorer sa mémoire comme il le mérite."
Il vous a offert votre première sélection face à la Tchécoslovaquie en mars 1976 et c'était aussi sa première, tout comme Michel Platini ! Vous rappelez-vous de ce moment ?
"C'est vrai ? C'était sa première en tant que sélectionneur des Bleus ? Vous me l'apprenez mais c'est fort possible effectivement. J'ai eu l'opportunité de passer deux ans et demi avec lui sous le maillot de l'Équipe de France donc forcément, j'en garde des souvenirs extraordinaires."
Y a-t-il des choses que vous vous autorisiez dans le jeu en club et qui étaient à bannir en sélection, sous ses ordres ?
"Avec le FC Nantes, j'étais avant tout un défenseur central mais je me permettais parfois de sortir de mon poste pour monter dans le jeu ou sur les coups de pied arrêtés. Ça, je n'ai pas pu le faire avec l'Équipe de France. Il y avait des joueurs bien meilleurs que moi pour ça (rires)."
C'est une personne qui a énormément apporté au football français dans son ensemble et notamment à l’Équipe de France évidemment…
"Il faut bien reconnaître que Michel Hidalgo a relancé le football français au niveau international, de par les résultats obtenus et la longévité qui a été la sienne. Si quelqu'un n'est pas bon, ça ne dure pas. Lui, il a duré et détient toujours le record en tant que sélectionneur des Bleus. Outre l'aspect technique, qu'il maîtrisait évidemment, il était très humain et c'était très agréable de parler de football avec lui. Il connaissait ça par cœur et parlait librement avec tous les joueurs."
Avez-vous une ou plusieurs anecdotes Ă nous raconter ?
"J'ai été marqué par ce qu'il m'a dit au moment de me convoquer avec les Bleus : "Je t'ai pris en Équipe de France parce que tu es bon à ton poste et tu es très bon sur l'homme. Ce que je te demande ici, c'est de continuer à jouer comme tu peux le faire avec Nantes. Ne cherche pas à en faire plus. Joue ton rôle, simplement. Je ne t'en demande pas plus."
C'est un souvenir que j'ai toujours dans ma mémoire. Parfois, en sélection, on veut tellement bien faire qu'on a tendance à aller à l'excès et ça va à l'encontre de ce qu'on veut faire. Avant ma première, il m'avait aussi parlé du jeu à adopter : "Devant toi, tu as des joueurs au milieu qui sont des organisateurs pour l'équipe. Fais ton travail de défenseur, récupère le ballon et donne-le à tes partenaires dans l'entrejeu."
Il y avait quand même des joueurs comme Michel Platini ou Henri Michel, donc je le comprenais très bien (rires)."
Par M.G