Triple vainqueur de la Coupe de France, dont deux fois avec le FC Nantes (1999 et 2000), Willy Grondin (46 ans) est aujourd’hui en charge des gardiens de l’effectif professionnel jaune et vert. Formé dans les rangs nantais, le portier a connu de grands moments dans son club formateur avec notamment, ce huitième titre de Champion de France. Pour fcnantes.com, celui qui était alors âgé de 26 ans, se souvient de ce soir du 12 mai 2001. Une journée à jamais gravée dans sa mémoire ! Rencontre.
Willy, comment abordes-tu cette saison 2000-2001 après une année précédente compliquée mais heureuse, quelques semaines auparavant ?
Willy GRONDIN : "On avait eu une saison difficile (1999-2000) avec un maintien décroché sur la dernière journée. On aborde cette nouvelle saison avec un peu de fierté parce qu’on a réussi à sauver le FC Nantes en restant en Ligue 1 mais aussi avec l’envie cette fois-ci, de se maintenir le plus rapidement possible et de ne surtout pas attendre la fin du championnat."
Te souviens-tu de l’objectif annoncé à l’entame de cette nouvelle année de championnat ?
"L’objectif, c’est de faire mieux évidemment. Mais le coach souhaitait d’abord se maintenir pour ensuite pourquoi pas, faire plus et viser plus haut si possible."
Le Club avait l’habitude d’effectuer des stages estivaux intensifs en Autriche. As-tu senti lors de cette pré-saison, que l’atmosphère était bonne ?
"Oui, surtout qu’on était une vraie bande de copains. En Autriche, c’était magnifique. À titre personnel, j’ai connu sept années de préparation là -bas, dans un cadre exceptionnel. Je pense que c’est d’ailleurs le meilleur cadre que j’ai pu connaître dans ma carrière.
Concernant le groupe, on se connaissait par cœur et c’était très important, notamment pour bien travailler ensemble."
Quel regard portes-tu sur la première partie de saison de l’équipe ?
"En début de saison, ça n’a pas été facile. Il ne faut pas oublier qu’on faisait vraiment une préparation très difficile et on savait qu’au départ, avec le docteur Bryan et le coach Denoueix, on aurait du mal physiquement parce que la saison était préparée pour qu’on soit prêt sur l’ensemble de la saison. C’est en novembre qu’on commençait à se sentir vraiment bien sur le plan de la forme physique. Notre début de saison n’a pas été simple mais l’objectif du coach était tout de même atteint à la fin de la phase aller."
Le 12 mai 2001, le FC Nantes accueille l’AS Saint-Étienne pour le titre. Ressens-tu une atmosphère différente dans l’équipe à quelques heures de la rencontre ?
"Tous les matches sont différents mais c’est sûr que ce n’était pas pareil. Surtout qu’on vivait quelque chose de fort avec notre club formateur. Avant la rencontre, il y avait déjà une effervescence dans la ville, dans le stade. Personne ne s’attendait à ce qu’on joue le titre à deux journées du terme. Tout était réuni pour qu’on vive quelque chose d’extraordinaire. Même nous, on avait du mal à y croire. On se faisait tellement plaisir sur le terrain, qu’on ne se rendait même pas compte qu’on allait jouer le titre. Mais on profitait à fond de tout ça."
Avant le match, quelle est l’émotion qui se dégageait le plus dans l’équipe ?
"L’envie de conclure, notamment devant notre public. Même si on n’est jamais sûr de rien, on avait envie de tout donner ce soir-là pour mettre fin au suspense le plus rapidement possible."
Comment as-tu vécu l’envahissement du terrain ?
"C’était magnifique ! Ce partage, la communion avec le public… Je me souviens aussi très bien de Georges Eo chantant "Allumer le feu" de Johnny Hallyday . De grands moments ! Tout était parfait, rien n’était calculé et je garde en tête tous ces superbes moments."
On imagine que le fête a continué dans le vestiaire et même après…
"Dans le vestiaire, oui et puis il y a eu la troisième mi-temps (il sourit). Il y avait tellement une ambiance extraordinaire au sein du groupe, que ce soit sur ou en dehors du terrain, qu’on partageait beaucoup de choses dont ces moments de vie."
Remporter un titre à La Beaujoire, c’est encore plus fort ?
"Évidemment, oui, c’était très spécial. Mais il ne faut pas oublier que pour s’offrir ce moment, on a été chercher des points sur la route. Après, partager cet instant avec nos supporters à la maison, ce n’était que du bonus !"
Quelle Ă©tait ta relation avec le coach Denoueix ?
"Le coach Denoueix, c’est celui qui a voulu que je vienne ici lorsque j’étais plus jeune. Lorsqu’on parlait du FC Nantes, on évoquait cet encadrement, ce suivi entre les entraîneurs et les joueurs. Depuis les U17, on est resté un groupe soudé avec un socle important de joueurs formé au Club. Je pense vraiment qu’on a eu cette chance d’avancer ensemble."
Est-ce qu’un joueur t’a marqué tout particulièrement, dans ce collectif ?
"On avait de très bons jeunes joueurs comme Olivier Monterrubio, Nicolas Savinaud, Frédéric Da Rocha, Marama Vahirua et un garçon comme Voriel Moldovan qui a brillé. Je pense aussi à Sylvain Armand, dans son flanc gauche. C’est tellement difficile d’en sortir un. J’ai vraiment envie d’insister sur le groupe, tellement c’était la force de l’équipe. Après, bien sûr qu’un garçon comme Nestor Fabbri en imposait. Ce n’est pas pour rien qu’on l’appelait « Le Patron »."
Quel est selon toi, la force de ce groupe ?
"On a eu des apports importants de l’extérieur qui arrivaient dans notre effectif. Je pense à Nestor Fabbri, Viorel Moldovan, comme j’ai pu les citer précédemment, qui ont apporté un plus dans cette jeune équipe. Je n’oublie pas non plus Mario Silva. Notre groupe était jeune, insouciant mais aussi de qualité. Sur l’ensemble de l’exercice, on a montré nos qualités et de la solidarité."
Aujourd’hui, en tant qu’entraîneur des gardiens, te sers-tu de principes inculqués au cours de ton passage comme joueur ?
"Oui, c’est certain. Il y a des choses qu’on essaye de remettre en place. Après, il y a aussi la sensibilité de chacun et c’est important de pouvoir apporter sa patte. Mais je n’oublie pas et j’aime transmettre à mes gardiens, ce que j’ai pu apprendre."
Vingt ans après, es-tu fier du chemin accompli ?
"Je suis devant vous aujourd’hui mais ce n’était pas du tout prévu dans ma carrière (il sourit). Je n’avais pas l’ambition de faire une carrière en tant qu’entraîneur mais j’ai eu cette chance d’avoir la confiance du Club, c’est important. Le Président et Franck (Kita) ont fait appel à moi et je le prends comme une marque de reconnaissance. Je suis très fier d’être là ."
Pour conclure, as-tu une petite anecdote sur cette saison exceptionnelle ?
"Avant les matches, je me souviens de Nestor Fabbri en train de faire les cent pas. Je me demandais toujours : "Mais pourquoi ?". On aurait dit qu’il avait déjà joué le match avant d’être entré sur le terrain ! C’était sa préparation et toute l’équipe était impressionnée. Il a beaucoup apporté aux jeunes.
J’ai aussi le souvenir de Marama Vahirua qui allait vomir avant les matches (rires). La pression… Je lui disais toujours : "C’est OK Marama ? Tu vas pouvoir jouer ? Tu es bien pâlot…". Mais sur le terrain, il répondait toujours présent. Incroyable."
Par M.G & J.J