Il existe des périodes de la vie où l’actualité nous ramène à des souvenirs, bons ou mauvais.
Avec le décès de Sidi Kaba à la fin du mois dernier, ce souvenir est le plus dramatique que le FC Nantes ait connu. Le 18 novembre 1984, tout le Club, tous les supporters, tout le football français, se retrouvent en deuil.
La route a tué Seth Adonkor et Jean-Michel Labéjof. Elle a blessé durement Sidi Kaba.
Il n’est pas nécessaire de revenir sur les circonstances, par décence, mais il ne faut jamais oublier. Jamais oublier que cette génération "d'enfants de La Jonelière" fut brisée à tout jamais. Jamais oublier que la Famille du FC Nantes a vécu sa page la plus douloureuse de son existence.
Rappelons-nous qu’en 1984, Seth Adonkor vient d'avoir 23 ans, le 30 octobre. Il quitte son Ghana natal pour l’Angleterre, et arrive à Nantes à l’âge de 12 ans, sans connaître un mot de la langue française. Il débute à la Mellinet, un des clubs fondateurs du FCN, et est très vite orienté, par ses professeurs, vers les Canaris. Ses qualités athlétiques lui font prendre le poste de défenseur central, "stoppeur" à étouffer ses adversaires directs. A tel point que le sélectionneur français, Henri Michel, pense à lui pour l’équipe de France. Le destin sera contraire.
Rappelons-nous qu’en 1984, Jean-Michel Labéjof vient d’avoir 18 ans, le 9 octobre. Le Martiniquais au sourire perpétuel, repéré en équipe des Cadets de la sélection de Paris, entame, en cette saison 84/85, sa 4ème année au FC Nantes. Gros travailleur dans l’entrejeu, il est un pion essentiel dans l’équipe de France des Juniors, faisant même quelques apparitions chez les pros à La Jonelière. Le destin sera contraire.
Rappelons-nous qu’en 1984, Sidi Kaba a 17 ans, et que toute la France du football a parlé de lui, lorsque le journal télévisé national le présente comme "le plus jeune joueur recruté dans un club" à l’âge de 13 ans... Cet espoir d’origine malienne est déposé dans "la couveuse nantaise" par Robert Budzynski. Il révèle toute sa classe lors du tournoi de Montaigu. En ce début de saison 84/85, Sidi Kaba est le meilleur buteur du groupe Ouest, en 3ème division, avec 8 réalisations. Même le coach Suaudeau pense à lui pour l’équipe professionnelle. Son jeune âge fait reculer la décision. Le destin sera contraire.
Comme le précise Robert Budzynski, dès sa connaissance du drame : "Sur le plan sportif, c’est une grande perte. Mais ce n’est pas comparable avec la perte humaine et la détresse de leur famille."
Il est certain qu’un grand avenir s’offrait à ces 3 garçons. Nous ne pouvons pas les dissocier dans leur tragédie.
Le destin de leur vie prometteuse les a stoppés à cette date du 18 novembre 1984.
Ne les oublions pas, c’est aussi ça la transmission de la grande histoire des Canaris.
Par P.L.