21 mars 2025

Francis Coquelin : L’exigence fait partie du quotidien

Groupe Pro

S’il est pour l’instant frustré de ne pouvoir aider l’équipe comme il le souhaite à cause de petites alertes musculaires, même sans jouer, Francis Coquelin est déjà un moteur pour le FC Nantes. Son expérience, son aura, son palmarès sont tels, qu’il apporte déjà beaucoup à son équipe. Ce rôle de joueur cadre, il l‘avait déjà du côté de Villarreal en Espagne. Travailleur acharné, exigent avec les autres comme avec lui-même, il a su rester simple et proche de ses racines tout au long de sa carrière. Il n’a jamais oublié qu’Arsène Wenger était venu le chercher à Laval, tout comme il pense toujours à mentionner les noms de ces premiers éducateurs. La transmission comme valeur éternelle, la culture de la gagne comme obsession. Entretien.

Comment trouves-tu le groupe en ce moment ?
Francis Coquelin : Je suis arrivé fin janvier, avec un très bel accueil de toute l’équipe, de toutes les personnes qui travaillent au club. C’est un groupe qui vit bien. On sort de quelques résultats à l’extérieur compliqués, avec les défaites à Monaco et à Marseille. Et entre deux, la victoire contre Lens. C’était important de montrer un bon visage après ce qui s’était passé à Monaco. À Marseille, malgré la défaite, il y a un petit sentiment de frustration. L’équipe a montré un bon visage. Elle vit bien, après il faut qu’on soit conscients de la situation dans laquelle on est. On a un besoin de points avec des matchs importants qui arrivent à La Beaujoire, comme Lille ce soir.

La situation de l'Equipe t'a-t'elle fait hésiter à venir ?
Francis Coquelin : Non, je n'ai pas eu d'hésitation. J'avais faim de retrouver un groupe, un club. Et même si le FC Nantes est dans la situation de jouer avant tout le maintien en Ligue 1, ça ne m'a pas effrayé. J'avais envie d'apporter mon expérience à ce groupe. Les discussions que j'ai pu avoir avec le coach m'ont rassuré. Il y a une équipe compétitive. J'avais aussi pu la regarder jouer. Il y a des joueurs de qualité. Mais quand on est dans ce genre de situation, il n'y a pas que les qualités techniques qui entrent en compte.Le mental est également très important. Mais ça ne m'a pas freiné.

Quelles sont les solutions pour sortir de cette mauvaise passe ?
Francis Coquelin : Il faut s’appuyer sur ce que l’équipe a fait de bien. Avant que j’arrive, il y avait quand même une série de bons résultats avec des matchs nuls qui auraient pu être des victoires. Parfois ça se joue à pas grand-chose. Il faut se réfugier dans le travail. C’est le plus important et que chacun soit conscient de la situation dans laquelle on est, qu’on mette un peu plus chaque jour pour pouvoir sortir les résultats le week-end. Je pense qu’il y a eu une très belle réaction de l’équipe contre Lens. Il faut s’appuyer là-dessus. On a la chance de jouer à la Beaujoire avec des supporters qui nous poussent. Ils sont exigeants, mais c’est normal quand on fait autant d’efforts pour un club. L’exigence fait partie du quotidien du professionnel. À nous d’emmener les supporters avec nous et de nous appuyer sur eux dans les moments difficiles.

Comment transformer les matchs nuls en victoires ?
Francis Coquelin : On a tendance à encaisser rapidement le second but après le premier. Il y a des gestions de match qui peuvent être meilleures. Ce sont plein d’éléments… parfois, dans le foot, ça tourne, ce sont des cycles. À Marseille, tu as la sensation que si tu marques, ça peut être un match différent. À l’inverse, ce sont eux qui te punissent. Ça se joue à des détails.

Tu es resté plusieurs mois sans jouer, il a fallu reprendre le rythme et tu as été embêté par des blessures… comment te sens-tu aujourd’hui ?
Francis Coquelin : Je me sens bien physiquement. Ce ne sont pas des blessures, mais des petites alertes. Quand on n’a pas joué depuis autant de temps, ce sont des petites alertes qui peuvent surgir. Le plus important, c’est d’être intelligent et ne pas forcer pour ne pas se blesser. Il faut bien se gérer. J’ai pas mal d’expérience, je connais mon corps. J’ai fait ce qu’il fallait pour rester dans le meilleur état physique possible pendant mes mois d’inactivité. J’avais une base, maintenant il faut enchaîner. Quand j’aurai joué deux ou trois matchs de suite, ça ira tout seul.

 

La claque reçue à Monaco peut-elle être un déclic et une prise de conscience ? 
Francis Coquelin : Oui. Quand tu prends une telle claque, il y a deux façons de réagir : soit tu te mets dans la tête que ce n’est plus possible, que c’est une honte et qu’il faut se bouger, faire plus pour gagner, soit tu lâches mentalement et ça peut être critique. Après Monaco, on a parlé entre nous et on s’est dit que ce n’était plus possible de faire un match comme celui-là. On voulait que contre Lens, les gens voient une équipe qui a de la fierté. C’est ce qui a été la clé du match.



Pourquoi avoir choisi le FC Nantes ?
Francis Coquelin : Déjà, j’ai senti un réel intérêt du coach quand je l’ai eu au téléphone. Les projets que j’ai pu avoir par ailleurs ne m’emballait pas vraiment. Là, ça m’a donné envie. Un retour en France, en Ligue 1, dans un championnat où je n’ai pas passé beaucoup de temps. L’endroit aussi, parce que j’ai ma famille pas très loin. Et j’avais aussi envie de me challenger parce que la situation du club n’est pas simple. J’avais aussi envie d’aider l’équipe à travers mon expérience, ce que j’ai pu vivre dans mes différents clubs et l’apporter au groupe. Et puis il fallait que je retrouve les terrains. Ça me manquait énormément. J’ai été vraiment bien accueilli et c’est un plaisir pour moi de retrouver au quotidien cette ambiance de vestiaire.

Lorsque tu avais 17 ans et que tu étais à Laval, Nantes aurait été une destination possible ?
Francis Coquelin : J’ai eu beaucoup de sollicitations à cette époque. Nantes était venu, mais aussi Lorient et les clubs environnants… J’étais venu visiter la Jonelière visiter les installations… dans mon esprit, si je n’avais pas signé à Arsenal, j’aurais pu signer à Nantes. Je n’étais pas loin de la famille et c’est quelque chose qui avait joué dans mon esprit. Mais quand Arsenal est arrivé… c’est un très gros club, même si on ne sait pas dans quoi on s’embarque quand on est jeune. On ne sait pas vraiment si on pourra percer là-bas. Mais c’est un challenge que j’avais envie de relever. On ne sait pas si le train repassera pour aller dans un tel club. J’ai donc pris la décision d’aller là-bas. Le destin fait que je n’ai pas signé ici à 17 ans, mais 17 ans plus tard, je suis là ! C’est une belle histoire.

"Si je n’avais pas signé à Arsenal, j’aurais pu signé à Nantes"

À Arsenal ça a été compliqué au début, il y avait beaucoup de concurrence au milieu…
Francis Coquelin : La première c'est une année d'adaptation. Je joue avec la réserve, avec les 19 ans et je m’entraîne avec les pros. C’est une année de transition, d’adaptation. C’est une très bonne année puisqu’on gagne l’équivalent de la Coupe Gambardella qu’ils n’avaient plus remportée depuis 10 ans. Je fais aussi mes débuts avec l’équipe première en coupe. Jouer devant 60 000 personnes était important pour moi. La seconde année, j’aurais voulu jouer un peu plus. L’année suivante, je signe en prêt àLorient, je reviens deux années avec l’équipe première, puis je repars en prêt en Allemagne et enfin un court prêt de deux mois à Charlton.

Penses-tu être parti trop jeune ?
Francis Coquelin : Non. On ne sait pas de quoi l'avenir est fait. Si je signe à Nantes, je ne suis pas sûr que le wagon "Arsenal" repasse. Je n'ai pas pris la solution de facilité car là-bas, il n'y a que des internationaux. A tous les mercatos il y a de grands joueurs qui arrivent, ce n'est pas simple. Aujourd'hui, je ne regrette pas cette décision quand je vois les trophées que j'ai gagné. Je suis passé par des prêts, mais je ne le regrette pas. J'ai appris beaucoup de choses. Ce sont des expériences que j'ai pour la plupart appréciées. J'ai vraiment adoré mon année à Lorient avec le Coach Gourcuff. Ce sont des moments, des obstacles que j'ai su passer. Au final, je n'ai pas de regrets sur le déroulement de ma carrière.

Ça doit être une fierté d’avoir disputé 168 matchs avec Arsenal, l’un des grands d’Europe ?
Francis Coquelin : Bien sûr c’est une fierté d’avoir pu jouer dans l’un des plus grands clubs européens, d’avoir pu disputer la Ligue des Champions, avoir gagné des titres, avoir joué sous les ordres d’Arsène Wenger qui est venu me chercher… Gilles Grimandi aussi, Denis Zanko au Stade Lavallois, Bernard Mottet et les formateurs qui m’ont lancé. C’est grâce à eux que j’ai pu avoir cette carrière. Ce sont des personnes qui ont compté. J’ai encore eu Denis Zanko au téléphone avant de signer à Nantes ! Je suis quelqu’un de très loyal. Ces personnes sont avec moi depuis 17 ans. Mais pour revenir à la question, oui, très fier d’avoir disputé autant de matchs avec Arsenal et les autres équipes que j’ai pu connaître.

Tu as été sélectionné dans toutes les catégories chez les jeunes, mais jamais en Équipe de France A, on imagine que c’est une déception ?
Francis Coquelin : Ce sont des décisions de sélectionneurs. Il y a aussi un gros vivier de milieux de terrain qui est sorti. Il y a Tolisso, Pogba, Kanté… Mais juste avant ces joueurs, je pense que j’aurais mérité d’avoir une sélection. Il ne faut pas avoir de regrets. C’est comme ça. J’ai un parcours en équipes de France jeunes. Je pense que le lien Espoirs vers les A est plus direct aujourd’hui qu’il l’était moins à l’époque. Mais c’est sûr qu’il y a une déception de ne pas représenter son pays quand on a fait toutes les sélections de jeunes. On a remporté quand même l’Euro U19, j’ai beaucoup de sélections en Espoirs… ça aurait été bien de conclure avec une sélection en A. Ca ne s’est pas fait et j’ai compensé avec des trophées en club.

En Premier League, on t’a surnommé le "briseur d’attaques" ?
  Francis Coquelin : Oui il y avait ce surnom, mais il y avait également "Police Officer". C’est Thierry Henry qui m’avait appelé comme ça après un match. Dans le championnat anglais, j’étais cantonné à ça, faire les compensations, récupérer les ballons, couper les contre-attaques. J’avais devant moi deux joueurs de ballon et ils n’avaient pas forcément besoin de moi dans la construction. Je suis quelqu’un qui aime jouer, mais j’avais Ozil et Cazorla devant moi ! Je préférais mettre mes qualités défensives au service de l’équipe afin qu’ils puissent s’exprimer avec le ballon. C’est pour ça que j’ai eu ces surnoms lors mon époque anglaise. En Angleterre, on m’a réduit à ça. Après, en Espagne, Marcellino à Valence, m’a demandé de plus participer au jeu. Je suis moins limité que ce que les gens ont pu penser. En Espagne, j’ai aussi cette étiquette du joueur qui peut jouer. Ça s’est vu ensuite avec des coachs qui m’ont mis à des positions moins défensives que ce que j’ai pu connaître en Angleterre. Ça montre que j’avais aussi d’autres qualités.

"Thierry Henry me surnommait Police Officer"

Tu as connu ta première titularisation face à l’OM…
Francis Coquelin : Je l’attendais ! Ça fait un mois que je suis là, je commençais à avoir des fourmis dans les jambes. Commencer mon premier match avec Nantes au Vélodrome, il n’y a pas mieux. Je suis très heureux d’avoir pu le vivre là-bas. C’est dommage pour la défaite, mais je pense que l’image de l’équipe a été bonne. Il faut s’appuyer sur ce qu’on a fait de bien et corriger les petites erreurs. Mais sur le plan personnel, c’était un vrai plaisir de commencer un match depuis… fin avril !

A 33 ans et plus de 400 matches pro, tu apportes ton expérience. Un plus pour le groupe ?
Francis Coquelin : Ce n’est jamais mauvais d’avoir de l’expérience dans un groupe. C’est malgré tout un groupe qui a de l’expérience. C’est une équipe qui connaît ce genre de situation. Ce qu’on peut apporter avec Anthony Lopes, c’est une exigence dans le travail. Que ce soit lui à Lyon ou moi avec les clubs où je suis passé, on a cette exigence du travail. Je ne dis pas qu’il n’y en a pas car je vois que les joueurs travaillent bien. J’aime beaucoup discuter avec les jeunes. Quand j’étais à Villarreal, il y en avait pas mal. C’est une relation que j’aime bien, transmettre. Mon premier match à Nantes était avec la réserve et j’ai vraiment apprécié. On est allé à Challans. Retrouver ça avec un groupe plus jeune, vraiment réceptif c’était vraiment agréable. Je suis très content de voir par exemple l’évolution de Louis Leroux. Ça se passe très bien pour lui aujourd’hui, mais il y aura peut-être des moments un peu plus durs aussi. Si je peux l’aider, je le ferais. Quand j’ai commencé, avoir les conseils de Clichy, de Sagna, de Diaby… ça a été important pour moi. Aujourd’hui c’est à mon tour de le faire avec les plus jeunes, et c’est un plaisir.

Comment faire pour mettre Lille en difficulté ce soir ?
Francis Coquelin : Ce n’est pas une équipe facile à manier. Sur le plan national et européen, ils font de très grosses performances. Il faut qu’on s’appuie sur ce qu’on sait faire de bien aussi ! Il faut un gros bloc défensif parce qu’il y a du danger partout chez eux. Ce sera un match compliqué. J’ai un ami là-bas, Mandi, que je serai content de revoir. Si on joue à notre niveau, on sait que Nantes dérange les grandes équipes. Il n’y a pas de raison qu’on ne leur pose pas de problème. Il faudra juste saisir nos chances dans les temps forts qu’on aura.

 

Un mot sur les supporters, sur La Beaujoire ?
  Francis Coquelin : Je n’avais jamais été à La Beaujoire. Mon premier match était à domicile, face à Lens, avec par bonheur une victoire. C’est un public exigeant, mais c’est normal quand on voit le nombre de fans qui se déplacent. Ils sont vraiment derrière leur équipe. C’est une des meilleures ambiances de Ligue 1. On a la chance d’avoir ça. Maintenant, c’est à nous de les emmener avec nous. Il faut faire ce qu’il faut sur le terrain pour créer cette atmosphère positive et qu’ils soient avec nous. On en aura besoin dans les prochains matchs à domicile. Et on sait que quand il y a une osmose entre le public et les joueurs comme face à Lens, ça nous donne l’envie de décupler les efforts sur le terrain. On a envie d’en profiter à chaque match à domicile.

Entretien rédigé le 26 février 2025

Par I.B.


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