Samedi après-midi (13h), les Canaris se déplacent sur la pelouse de l'Olympique de Marseille pour le compte de la 12ème journée de Ligue 1 Uber Eats. Christian Gourcuff fait le point avant ce rendez-vous face aux Olympiens, quelques jours seulement après la rencontre à Lens (1-1). Tour d'actualité, à l'aube d'une affiche de gala.
LE POINT SANTÉ
Christian GOURCUFF : "La bonne nouvelle, qui était attendue, c’est le retour de Moses Simon qui sera du déplacement à Marseille. Pas de pépins supplémentaires à signaler. Charles (Traoré) est toujours indisponible. Il faudra voir son état physique dans quelques jours. Concernant Anthony (Limbombe) et Roli (Pereira de Sa), il ne faut pas se projeter avant la fin de l’année."
LE DÉPLACEMENT À MARSEILLE
"Il faut relativiser par rapport aux résultats, notamment en Ligue des Champions. Face à Porto mercredi, ils ont peut-être fait leur meilleur match depuis longtemps. On se prépare à affronter un adversaire de qualité, chez lui. Sur le plan technique, ce sera un peu différent des équipes que l’on vient d’affronter parce que ces dernières, qui jouent davantage le maintien, évoluent dans un autre registre technique.
Mais notre intention sera toujours de faire le jeu et pour nous. Après, sur le plan de la motivation, les interrogations que l’on peut parfois avoir, à l’image de notre début de match à Lens, je pense que là , on ne les aura pas. Même sans public, jouer à Marseille quand on est joueur, ça représente forcément un plus."
LE MATCH DE L’AN PASSÉ
"Le match réalisé là -bas l’an passé est une référence à l’extérieur, notamment sur le plan tactique. Le contexte était différent parce qu’il y avait le public, qu’on avait aussi su utiliser peut-être contre eux. C’est une équipe qui a beaucoup de pression et en arrivant à les faire douter, avec l’apport du public, c’est parfois plus facile. Par le passé, avec d’autres équipes, j’ai souvent su troubler Marseille par cette méthode-là . Après, ça ne veut pas dire que ça marchera toujours parce qu’ils ont des arguments. Ce match, c’est un beau challenge à relever."
L’OLYMPIQUE DE MARSEILLE
"C’est une équipe qui, c’est vrai, gagne petitement mais gagne quand même. L’an passé, ils avaient sans doute surperformé et c’est sûrement plus difficile cette saison. Mais ça reste pour nous, un adversaire redoutable évidemment."
LA NOTION DE DOMICILE ET EXTÉRIEUR
"Je pense qu’à Lorient ou à Lens, avec du public dans le Stade, on aurait peut-être pu se réveiller dès le début. Après, le contexte domicile – extérieur est à relativiser ici, même avant. Aujourd’hui, statistiquement, on voit bien qu’il est plus facile de s’imposer à l’extérieur dans ce contexte de huis clos, que précédemment."
LA PREMIÈRE MI-TEMPS À LENS
"Un manque de motivation ? Certainement, oui. Alors pourquoi ? Ça… Ce n’est pas un problème physique puisque la preuve, dès le retour des vestiaires on a été capable d’inverser la tendance. Mais malheureusement, ce n’est pas quelque chose de nouveau. On l’a déjà signalé à Lorient par exemple. Ce sont des caractéristiques qui dépassent le cadre technique. On peut appeler ça comme on veut : motivation, envie, caractère, … mais la Ligue 1 ne permet pas d’être en retrait sur le plan de l’engagement, qu’il soit physique et mental. Comment changer ça ? Ça fait partie des données à avoir en étant entraîneurs. Ce sont même des données incontournables. Il ne s’agit pas "gueuler" (sic), sinon ce serait assez simple. Il n’y a pas de recette miracle mais il faut faire prendre aux joueurs le plaisir de joueur, d’avoir l’ambition de s’imposer. C’est difficile à analyser de façon très précise. Et puis dans un collectif, la vérité n’est pas la même pour chacun. La clé de la progression, elle est là . Il faut avoir cette stabilité dans les intentions."
LUDOVIC BLAS
"Ludovic a tous les arguments techniques pour devenir un joueur de haut niveau. Ce qui lui manque, c’est ce caractère pour s’imposer dans le jeu, par rapport aux partenaires, notamment dans un contexte de jeu hostile. Ce ne sont pas des choses qui se déclenchent comme ça. Il faut le laisser grandir. C’est quelque chose qu’il va obtenir dans le temps et je l’espère pour lui et pour nous, le plus rapidement possible.
C’est un gentil garçon, agréable, qui aime le football mais le reproche que je pourrais lui faire, c’est qu’il n’agit pas suffisamment sur des évènements qui ne sont pas favorables. Mais à côté de ça, je confirme qu’il progresse, déjà dans la stabilité de ses matches car l’an passé c’était plus fluctuant. Je le constate aussi à l’entraînement avec des gestes de classe qui sont de plus en plus fréquents. On voudrait encore plus, parce qu’il a les moyens techniques de le faire mais on est sur le bonne voie. Tactiquement, il s’investit beaucoup plus qu’il ne le faisait l’an passé et pas seulement à la récupération du ballon.
Ça l’est déjà mais il va encore confirmer que ce sera un joueur très important pour le FC Nantes."
LUDOVIC BLAS AU CÅ’UR DU JEU
"L’an passé, il y avait un équilibre d’effectif qui fait qu’il pouvait jouer à droite aussi parce qu’il n’assumait pas tout à fait ses responsabilités en tant que deuxième attaquant. Cette saison, très clairement et j’en ai discuté avec lui, je pense que c’est dans ce rôle de deuxième attaquant qu’il va se sentir le mieux, à condition qu’il prenne ses responsabilités, ce qu’il est en train de faire. Après, ça ne veut pas dire que ponctuellement comme mercredi, surtout que je voulais faire souffler Kader (Bamba) et Marcus (Coco), que Moses Simon et Anthony Limbombe sont blessés, on doit s'adapter sur les côtés. Pour moi, très clairement, c’est comme deuxième attaquant qu’il s’épanouira le plus et il est en train de le prouver. Le fait aussi de ne pas trop le changer de place, ça favorise aussi sa montée en puissance."
COMMENT FRANCHIR LE CAP POUR UN JOUEUR ?
"Je pense que l’environnement dans lequel on évolue est très important. Il y a des joueurs qui ne font pas de carrière parce qu’ils ne sont pas tombés dans un environnement propice. Pour Ludo’ (Blas), c’est un joueur qui compte tenu de son tempérament, doit avoir un environnement où il puisse s’épanouir. C’est quelqu’un qui ne faut pas brusquer parce qu’on n’y arriverait pas, ne pas non plus le mettre dans le confort. Il faut trouver le juste équilibre entre le "titiller" et le mettre en confiance."
COMMENT INTÉGRER LES JOUEURS TACTIQUEMENT ?
"Il y a un cadre mais il faut que les joueurs se l’accaparent. Si vous mettez en place un cadre tactique mais que le joueur subit les choses, vous le verrez parce qu’il n’y aura plus de spontanéité. L’efficacité vient dans la capacité du joueur à sentir qu’il a du plaisir à le faire."
L’ENCHAÎNEMENT DES MATCHES
"Ça semble bien se passer. Ce matin, j’étais assez content de la fraîcheur du groupe. Certainement que mercredi à Lens, dans la composition de départ et dans les remplacements aussi, j’ai tenu compte de l’enchaînement des matches et du rendez-vous à Marseille, demain. On verra mais sur une semaine, on doit être capable de le faire."
LES CHANGEMENTS
"Ça m’irrite beaucoup lorsqu’on parle des changements parce qu’aujourd’hui, on est dans le monde du zapping ou du Kleenex (sic). Les gens veulent voir du changement. Quand on constitue l’équipe et qu’on procède à des changements, on prend en compte tous les paramètres à disposition à savoir, des joueurs que l’on observe tous les jours. Notre objectif, c’est évidemment d’être le plus compétitif possible. On ne fait pas des changements pour faire des changements.
Ensuite, pour la constitution de l’équipe mercredi soir, ça répondait à un contexte particulier avec l’enchaînement des matches et la possibilité peut-être pour certains, d’avoir une ouverture. Après, lors de la première période, ceux qui ont joué et c’est global, ce n’est pas un bon point avec ce qu’il s’est passé. Mais quand vous êtes dans un collectif qui ne tourne pas, c’est plus difficile de se valoriser. La Ligue 1, ça se mérite tous les jours et il faut montrer qu’on peut apporter un plus. Le jour où il y a une opportunité de le faire, il faut savoir être là . Certains l’ont fait, comme Randal (Kolo Muani) cette année qui après un premier match, n’est jamais sorti de l’équipe. Imran (Louza) n’est quasiment jamais sorti de l’équipe après deux matches. La compétition, c’est ça. Mais si ça ne se passe pas bien, ça ne veut pas dire que c’est terminé."
LES ENTRAÎNEURS TROP CRITIQUÉS ?
"Aujourd’hui, les entraîneurs sont de moins en moins jugés sur le travail fourni. Les résultats font évidemment partie du challenge et si on perd tous les matches, ce n’est pas satisfaisant. Mais les questions ne se posent plus sur la qualité du travail. Il y a des clubs plus exposés aussi médiatiquement que d’autres. Mais il n’y a pas que le domaine du football qui est concerné. En politique, c’est pareil. C’est pour ça qu’avoir du recul, c’est important. Que l’on soit joueur ou entraîneur, il faut savoir ne pas trop s’enflammer, ni gamberger non plus. Je pense que c’est une garantie pour durer."
LE DÉCÈS DE DIEGO MARADONA
"Je trouve un peu déplacé que dès qu'une personne meurt, on lui trouve toutes les qualités. C'est très triste qu'une personne décède, qu'un sportif décède. À soixante ans c'est très jeune. Maradona, je l'ai admiré, je l'ai vu évoluer dans ses meilleures années. Sur le plan technique, sur le plan de la virtuosité, c'était phénoménal.
J’ai aussi vu des bons joueurs avec Pelé, Platini, un joueur comme Rivelino qui était moins coté mais qui était un joueur d’exception. Lui techniquement, c’était un phénomène. Et puis il y a eu Zidane plus tard.
Après... sans doute que c'était un chic type, je ne le connais pas mais il a eu une vie quand même qu'on ne peut pas mener en exemple. C'est pour ça qu'il faut relativiser. Ce n'est pas parce qu'il est décédé qu'il est devenu un exemple pour la jeunesse. C'était un joueur d'exception, oui. Quelqu’un d’antisystème ? Je pense qu’il ne l’était pas mais qu’il l’est devenu de par son parcours. Il s’est mis un peu hors-jeu. Je vais prendre un exemple où en Argentine, à l’époque, il y avait deux écoles : l’école Carlos Bilardo ou César Luis Menotti, deux entraîneurs très opposés dans les conceptions. Le premier était très réaliste, le second plus humaniste. Et Maradona était du côté de Bilardo. Je m’en souviens. Ce n’est qu’un constat.
La Une de L’Équipe ? C'est très malsain. Le but de la main qu'il marque, c'est une entrave à la morale, à l'éthique sportive et considérer ça comme un exploit et la revendication en plus de la « main de Dieu », j'ai trouvé ça terriblement déplacé. Il en a fait des exploits mais reprendre ça comme son principal fait d'arme, pour la morale, c'est terrible."
O. Marseille - FC Nantes
12ème journée de Ligue 1 Uber Eats
Samedi 28 novembre 2020, 17h
Stade Orange Vélodrome
Par M.G, L.L