"A côté, le stade Marcel Saupin fait figure de "stade municipal". Le stade de La Beaujoire a tout pour plaire : beau, grand, fonctionnel, confortable, grandiose !" C’est en ces termes que la presse locale annonce la découverte du nouvel antre des Canaris. Nous sommes le 28 avril 1984.
Les médias locaux découvrent, en avant-première, les coulisses de ce temple du sport, sous la houlette de l’architecte, Berdje Agopyan, du président nantais, Louis Fonteneau et du sénateur-maire de Nantes, Michel Chauty.
52 000 places, 40 cabines de télévision, ce stade est en "classe internationale", avec sa télé-surveillance, ses vitres pare-balles, ses deux piscines, et ses six escaliers monumentaux. C’est un tour de force, il aura fallu 13 mois pour sortir ce monstre de terre !
Quelques heures plus tard, après la découverte de ce nouvel outil, les journalistes retrouvent pour la dernière fois, le stade Marcel Saupin.
La fête est escomptée : on n’efface pas 50 ans d’histoire, d’un seul trait de crayon. Pour cette dernière en championnat à domicile, le hasard du calendrier met sur la route des Canaris, une équipe au passé prestigieux, celle de St Etienne. Cette affiche a fait tellement crouler d’enthousiasme les tribunes du vieux stade nantais.
Mais St Etienne n’est plus ce qu’il fut. Les Jaune et Vert courent après une qualification européenne, dans ce classement de la D1. Les fidèles supporters qui ont usé leur pantalon sur les travées de Marcel Saupin-Malakoff ressentent un goût de mélancolie en ce 28 avril.
Ils sont à peu près 16 000, venus voir les Canaris manger les Verts. Ils sont venus pour percevoir une dernière fois l’ambiance de Saupin. Ils sont venus dire un "au-revoir" à cette troupe nantaise qui depuis vingt ans les fait frissonner... Mais, chacun repart déçu.
La fête n’a pas lieu. Les Jaunes battent difficilement des Verts coriaces, 1 à 0 (Vahid Halilhodzic à la 53ème minute). Les joueurs et les spectateurs partent. Le rideau tombe sur le stade Marcel Saupin, et la nuit enveloppe la pelouse.
Le vieux stade s’endort. La Beaujoire nouvelle s’éveille.
Il a tout de même manqué un tour d’honneur...
Par P.L. (Texte extrait d’écrits d’Ivan Rioufol et de Jean Claude Schmidt)