🎥 ''Cultiver l'idée de performer tous ensemble''

Sur le terrain, vous êtes le meneur de jeu, le chef d’orchestre. Finalement, ça colle plutôt bien aussi à votre rôle d’entraîneur !

Jocelyn GOURVENNEC : "Il y a beaucoup de similitudes, bien entendu. Ça reste le foot et donc un rôle un peu différent mais je me suis toujours promis en étant joueur, parce que j’avais ce désir d’entraîner assez tôt, de faire jouer le plus possible mes équipes comme moi, j’aurais aimé évoluer. En étant meneur de jeu, au cœur du jeu dans ce qu’on peut appeler le « milieu d’attaque », marquer ou faire la passe ça a toujours été la même sensation. J’ai souvent servi « Japh’ » (N’Doram) sur ma deuxième année et à chaque fois, j’étais aussi heureux que lorsque je marquais. Dans ce passage de joueur à entraîneur, ce qu’il reste, ce sont les idées de jeu, les sensations avec notamment, des questions à se poser sur la manière dont on veut jouer, dont veut y arriver et gagner. On a tous envie de gagner mais comment on s’y prend ? Ça, c’est le job de l’entraîneur."

Jean-Claude Suaudeau, Raynald Denoueix… quel héritage ont-ils laissé dans votre esprit ?

"J’ai connu la transition avec les deux dernières du coach Suaudeau, puis la première année du coach Denoueix. J’étais heureux de vivre tous ces moments avec les deux parce qu’ils ont les mêmes idées de jeu, la même philosophie de jeu, la même sensibilité sur le foot mais avec deux personnalités différentes. Je trouvais ça très riche pour nous, les joueurs. Et pour moi, qui avais cette vocation d’entraîner plus tard, je mesure la chance que j’ai eue de voir travailler au quotidien ces deux messieurs et surtout, de le voir donner un cap tout en expliquant bien les choses. Et en s’y tenant. On a connu des moments plus difficiles mais la direction était toujours bien indiquée, avec des repères mis en place."

En tant qu’entraîneur, vous auriez pu venir vous asseoir à plusieurs reprises sur le banc nantais. Pourquoi maintenant et pas avant ?

"J’ai commencé ma carrière d’entraîneur à La Roche-sur-Yon VF et quelques jours après avoir donné ma parole au club, je suis sollicité pour peut-être intégrer le centre de formation. Mais je ne reviens pas sur ma parole. Il y a eu cet épisode-là et un peu plus tard, il y a eu une fenêtre pour prendre l’équipe mais ça ne s’est pas fait parce que les conditions n’étaient pas réunies pour différentes raisons. Je me souviens qu’Antoine (Kombouaré) avait dit la même chose, que les planètes n’étaient pas alignées. Et un beau jour, elles le sont."

En quoi votre expérience de consultant pour Canal + a-t-elle été bénéfique pour vous ?

"C’est toujours bien de garder un lien avec le haut niveau, de voir des matches, de les préparer aussi. Ça m’a permis de préparer mes matches, comme le fait un entraîneur, sauf que je ne vais pas amener l’équipe mais plutôt expliquer le plus simplement possible au grand public, ce que je vois. Le meilleur dans cet exercice, je pense que c’était Raynald Denoueix. Il a fait ça de manière merveilleuse. Je suis resté actif et dynamique avec cette fonction."

Comment avez-vous vécu l’instant où vous êtes installé dans votre technique, en tant qu’entraîneur du FC Nantes ?

"On avait fait la première séance d’entraînement à La Beaujoire trois jours plus tôt, pour la première et plein de souvenirs me sont revenus en tête. Je suis aussi venu avec d’autres équipes jouer ici mais là, c’était sur le banc du FC Nantes. Je mesure cette chance-là et c’est également une grande responsabilité, j’en ai conscience, parce qu’il y a beaucoup d’attentes. C’est quelque chose que j’ai toujours imaginé, d’être l’entraîneur du FC Nantes. C’est arrivé maintenant, peut-être au moment le moins prévisible. Mais c’est une immense fierté, un grand honneur de relever ce défi. C’est mon parcours de vie qui veut ça aussi. Quand j’ai terminé ma carrière de joueur, on avait décidé avec mon épouse de revenir vivre à Nantes. Et ça, depuis longtemps. J’ai trois filles, dont deux qui sont nées à Nantes et ça compte aussi. Ça comptera toujours même..."

On a senti et on a vu, aussi, beaucoup de joie de votre part au coup de sifflet final face à l’OGC Nice…

"J’aime gagner les matches (rire) ! J’arrive à me contenir quand je suis énervé mais à l’inverse, lorsqu’on gagne, je suis évidemment très content. Là, il faut quand même s’imaginer qu’on n’avait que trois jours pour préparer l’équipe, face à un adversaire invaincu et qui pose des problèmes à tout le monde, qui s’est imposé au Parc des Princes… Bref, c’était vraiment une grosse épreuve. Et qu’on ait pu bien préparer et bien gérer ce match avec une victoire au bout, c’est une grande joie. Mais ce n'est qu’un match."

Avec ce succès, le record d’invincibilité du FC Nantes de 32 matches sans défaite de rang en 1995 tient toujours…

"J’en ai parlé avec « Nico’ » Ouédec le lendemain du match et je lui ai dit : « De rien, ne dites pas merci les gars ! » (rire). C’est vrai que c’est symbolique mais il faut aussi se souvenir de la remontée fantastique lors de la saison 1996-1997 (l’équipe est alors invaincue pendant 30 journées, à deux matches du record de 1995, NDLR), avec une défaite à Monaco lors de la dernière journée (2-1). Ce record reste à Nantes, c’est symbolique mais ça dit beaucoup aussi."

Quelles sont vos attentes pour la suite de la saison, dans ce championnat à 18 ou tout semble si serré !

"Il faut qu’on continue à faire les choses tous ensemble. Ce qui caractérise le jeu du FC Nantes depuis des décennies, c’est le jeu collectif. Avec la qualité du groupe, si on est capable d’être très ensemble, tout le temps, on performera ! C’est vraiment une clé et ça colle bien à la Maison Jaune. Il faut qu’on le cultive tous."