07 novembre 2020

''J'ai totalement adhéré au style de jeu du coach Gourcuff''

Christophe Jallet

Après 549 matches disputés en professionnel, 16 sélections en Équipe de France A et une ultime saison disputée sous le maillot de l'Amiens SC l'an dernier, Christophe Jallet (37 ans) a annoncé fin juin, sa retraite sportive. Aujourd'hui consultant pour Téléfoot La Chaîne, celui qui est passé, entre autres, par le FC Lorient (2006-2009), sous les ordres de Christian Gourcuff, évoque de nombreux sujets avant le rendez-vous de dimanche au Stade du Moustoir. Entretien.

Christophe, si l'année passée a été quelque peu particulière avec la pandémie de Covid-19, elle a également marqué la fin de 17 années d'une riche carrière. La retraite sportive était-elle ancrée dans votre tête ?

Christophe JALLET : "Pour être honnête, à la base, je ne voulais pas forcément arrêter de jouer parce que je trouvais que la fin de l’histoire était un peu mal faite. Tant personnellement que collectivement car avec Amiens, nous étions dans une position inconfortable de relégable. Je n’avais pas envie de terminer sur une descente parce que je trouvais ça assez injuste, surtout pour le club. J’ai eu des sollicitions assez tôt de la part de Médiapro pour entamer une carrière de consultant, un projet qui pouvait m’intéresser mais qui n’était pas forcément d’actualité à ce moment-là car si la saison s’arrêtait de cette manière, j’aurais sûrement eu envie d’en faire une autre. Mais finalement, avec la longue interruption, puis l’arrêt total, la désillusion pour Amiens et les vacances, je me suis demandé si j’avais vraiment envie de continuer, si mon corps allait pouvoir le supporter après un arrêt de la compétition aussi long. L’idée, c’était vraiment de ne pas finir sur une déchéance, notamment physique. Finalement, je me suis dit que c’était sûrement le bon moment pour arrêter et il y avait ce nouveau projet intéressant qui s’offrait à moi. Je suis très heureux d’avoir pris cette décision en mon âme et conscience, sans le moindre regret aujourd’hui."

Justement, ce nouveau poste de consultant sur Téléfoot La Chaîne, c'était l'occasion parfaite de "décrocher", sans vraiment le faire, avec le football professionnel ?

"C’est exactement ça. Ce n’est pas trop brutal comme arrêt parce que j’ai la chance d’enchaîner sur quelque chose que je connais, que je maîtrise quand même assez bien. Ce nouveau rôle de consultant m’offre la possibilité de faire ce que j’aime mais en étant de l’autre côté. Je garde un pied sur le terrain, avec cette passion qui est toujours présente aujourd’hui."

Les Médias font partie du sport en général et notamment du football professionnel. Comment as-tu vécu ce passage dans l’univers journalistique ?

"Je n’ai jamais eu trop de problèmes avec les Médias parce que je n’ai jamais été trop attentif à ce que pouvait dire la presse. Je ne suis pas non plus sur les réseaux sociaux. Évidemment, je regardais certaines émissions de football et les matches mais je pense qu’il faut juste avoir intégré que la critique fait partie du métier. En étant footballeur, on est soumis au jugement de tout le monde : nos partenaires, notre entraîneur, notre président, les supporters et aussi les journalistes. On sait qu’on peut être encensé après une belle performance, on sait aussi qu’on peut être critiqué. Ça fait partie du jeu et il faut l’accepter."

En 2006, et après plusieurs saisons à Niort, le FC Lorient d'un certain Christian Gourcuff vous sollicite. C'est l'heure de la découverte de la Ligue 1 avec notamment, une grande confiance de celui qui est aujourd'hui l'entraîneur du FC Nantes…

"Si je me souviens bien, j’étais la toute première recrue de l’été à Lorient. L’intérêt du coach et du FC Lorient a forcément été une aubaine pour moi. La première fois que j’ai eu le coach et le club au téléphone, ce n’était même pas encore une histoire de Ligue 1. J’évoluais à Niort, en National et Lorient, alors en L2, n’était pas encore sûr de monter. Mais qu’importe. Après le coup de fil de Christian Gourcuff, j’ai ressenti un réel intérêt de sa part, afin de m’avoir sous ses ordres dès la saison suivante. Peu importe l’issue de la saison lorientaise, j’étais partant. Évidemment, les rejoindre en Ligue 1 c’était un rêve de plus ! J’ai eu cette chance de pouvoir découvrir ce championnat sous ses ordres. Pour une première expérience, ça a été très formateur de me retrouver dans ce groupe, avec ce coach. J’ai pris beaucoup de plaisir et j’ai surtout, énormément appris. Ça m’a armé pour la suite de ma carrière."

En quoi a-t-il été important pour vous, d’un point de vue footballistique ?

"Quand je suis arrivé à Lorient, c’était pour jouer milieu défensif. Poste que je n’ai occupé qu’à une seule reprise en trois années là-bas. Il y avait beaucoup d’absents, c’était à Calais en Coupe de France et on s’était incliné 2-0 (32èmes de finale, saison 2006-2007). Bref, pas terrible.
Marc Boutruche et Guillaume Moullec étaient en concurrence pour ce poste d’arrière-droit et un jour, assez tôt dans la saison, tous les deux se sont blessés. Le coach Gourcuff a donc tenté l’expérience en me mettant au poste de latéral droit en pensant que je pouvais m’y imposer. Et c’est ce qui est arrivé. Il m’a donné beaucoup de confiance. Sincèrement, je pense que je ne faisais pas partie des plans de départ et j’ai dû travailler, me battre et m’accrocher. Au final, j’ai réussi à performer parce qu’on était sur la même longueur d’onde et j’ai totalement adhéré à son style de jeu, aux efforts qu’il demandait de fournir. Je pense que nous nous sommes bien trouvés dans le sens où j’ai bénéficié de son expérience et lui, de ma soif de découvrir la Ligue 1."

Être capable de repositionner des joueurs dans une zone de jeu différente de celle qu’ils préfèrent, c’est aussi ça la « patte » Christian Gourcuff…

"Totalement. Il avait dû déceler en moi une grande marge de progression au poste de latéral droit. Je dois avouer que je n’étais pas forcément convaincu de cette idée au début mais finalement, avec le recul et au bout d’une bonne saison, j’ai vite compris que c’était sûrement à ce poste-là que j’avais le plus de chances de performer au haut niveau. Ça a été une belle trouvaille de sa part parce que personnellement, je n’aurais jamais imaginé ça."

Est-ce que ça a été une surprise pour vous de le voir signer à Nantes, un club dont jeu en mouvement a forgé l'Histoire ?

"Christian (Gourcuff) prône le jeu et surtout, les victoires par le jeu. Ça a toujours été son leitmotiv, sa façon de vivre le football. Le FC Nantes ? Pour moi, c’est un club qui lui correspond parfaitement. Après, évidemment il y a un écart de temps entre le football de Suaudeau et de Denoueix. Mais entre Nantes et Gourcuff, j’ai tout de suite pensé que les deux profils allaient bien se marier. Il arrive à faire de très belles choses et j’en suis ravi pour lui parce que ce n’est pas toujours évident de réussir à s’en sortir avec ses idées. Parfois, ça peut prendre un peu de temps et on sait très bien que dans le football, on en a de moins en moins."

Christophe, le FC Nantes, ça représente quoi pour vous ? Son Stade, l'ambiance, ...

"J’ai toujours eu beaucoup de respect pour le FC Nantes car quand j’étais beaucoup plus jeune (il sourit), c’est un club qui m’attirait notamment par son style de jeu, ses performances et son Histoire. Lorsque j’étais au centre de formation à Niort, quand on jouait le FC Nantes , c’était le match de l’année pour nous. Parce que c’était un gros club de Ligue 1, très performant et qui faisait partie des tous meilleurs centres de formation en France. Cette image a toujours été présente dans mon esprit. De plus, La Beaujoire, c’est un vrai un stade de foot avec des très bons supporters, qui savent mettre l’ambiance et pousser leur équipe, sans animosité. Évidemment que parfois, c’est plus difficile comme dans tous les clubs. Une chose est sûre : Nantes fait partie du patrimoine footballistique français."

Y a-t-il un joueur que vous appréciez particulièrement à Nantes ?

"J’adore le profil Ludovic Blas. C’est un joueur capable de faire la différence tout seul mais qui s’inscrit aussi dans un collectif. Je le connais depuis de nombreuses années et j’ai eu l’occasion de l’affronter. Je trouve vraiment qu’il a tous les atouts du footballeur moderne.
Après, c’est vrai qu’un jeune comme Randal Kolo Muani qui découvre la Ligue 1, réalise un très bon début de championnat. En témoignent notamment, ses récentes sélections avec les Espoirs. C’est un peu la nouvelle découverte. On aime voir ces nouveaux talents, à l’image aussi d’Imran Louza, qui, lui, fait quasiment figure de taulier dans cette équipe alors qu’il n’a que 21 ans et qu’il entame seulement sa deuxième année au plus haut niveau.
Le FC Nantes aujourd’hui, c’est un savant mélange d’expérience, de fraîcheur et de jeunesse. L’équilibre n’est pas toujours évident à trouver mais il y a vraiment de quoi faire de belles choses pour cette équipe."

Dimanche, Lorientais et Nantais ont rendez-vous au Moustoir pour un match important dans leur quête de points…

"C’est un match important pour les deux équipes car elles ont besoin de points pour se rassurer.
Le FC Nantes a une rencontre en moins mais c’est vrai qu’il sera intéressant de voir la réaction des joueurs après le revers de la semaine passée face au Paris Saint-Germain. Même si ça reste Paris et qu’il est difficile de regretter, Nantes a eu les opportunités de faire basculer le match dans le sens inverse en première période, en montrant également de la qualité de belles dispositions. Maintenant, il faut concrétiser tout ça par des points parce que c’est ce qui permet de valider les acquis.
En face, les Lorientais ont eux aussi envie de gagner pour se rassurer sur le plan comptable. L’idée pour Lorient, c’est de performer à domicile, après un début de saison également en demi-teinte."



FC Lorient - FC Nantes

10ème journée de Ligue 1 Uber Eats
Dimanche 8 novembre 2020, 15h
Stade du Moustoir


Par M.G


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