En ce mois de septembre 2021, il est bien de revenir sur la manière avec laquelle Japhet N’Doram arrive en pros en septembre 1990.
Plantons le décor ! Voici les termes par lesquels la presse locale accueille ce jeune garçon de 24 ans :
Le moins qu’on puisse dire, c’est que les "grands témoins" sont dubitatifs.
Effectivement, il arrive incognito au Centre sportif de La Jonelière le 5 avril 1990. Japhet N’Doram pose ses valises dans le quartier des stagiaires de La Jonelière, en attendant une opportunité.
Repéré par Marcel Mao, CTR de la Ligue de L’Atlantique, il ne peut pas prétendre à un contrat professionnel car le quota de contrats "extra-communautaires" est atteint.
Au moins, Japhet N’Doram montre, dès son arrivée sur les bords de l’Erdre, ses qualités techniques et de fin tacticien. Il surprend agréablement Robert Budzynski, le directeur sportif, et Jean-Claude Suaudeau, en charge de l’équipe réserve.
Tous les deux reviennent de multiples voyages à l’étranger pour trouver le buteur manquant. Ils arrivent encore à la même conclusion : "Nous avons mieux à la maison que ce que nous voyons hors de nos frontières..."
La longue patience du joueur se trouve récompensée en ce mois de septembre 1990, quelques jours avant de rencontrer le grand rival de l’AS St Etienne.
Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, l’Argentin champion du monde, Jorge Burruchuga, est blessé jusqu’en fin de saison : il accepte solidairement de suspendre son contrat et de le transformer en licence amateur ; ce qui libère la place, au Tchadien, pour signer un contrat de joueur professionnel pour... 1an.
En manque d’efficacité depuis le début de cette saison 90/91, le FC Nantes de Miroslav Blazevic doit se reprendre rapidement au risque de connaître des jours difficiles. Le St Etienne de Christian Sarramagna ne peut se permettre une défaite. En ce 22 septembre 1990, malheur aux vaincus ! Les duels sont virils...
Ce "match de battants" voit les Verts marquer sur pénalty juste avant la mi-temps. C’est d’autant plus rageant que les Canaris n’ont pas vu les Stéphanois très souvent dans leur surface de réparation.
En revenant sur le terrain gonflés à bloc, les Nantais voient leurs efforts récompensés en égalisant très rapidement par Joël Henry.
Et c’est là que Japhet surgit ! Le néo-pro fait montre de tout son art pour protéger son ballon, jouer simple et se faire oublier pour mieux surgir. Le Tchadien possède une belle détente et la faculté de tirer au but spontanément.
Lors d’un énième corner, Japhet N’Doram marque le but vainqueur : il ne peut pas démarrer sa carrière de la meilleure façon.
Son entraîneur, Blazevic, en tire des éloges en après-match : "N’Doram a été excellent, pour son premier match avec nous. Je lui ai demandé de jouer son jeu, et de se faire plaisir. Je sais qu’il peut encore fait mieux lorsqu’il se libérera totalement."
Japhet N’Doram fait basculer son destin lors ce premier match sous les couleurs nantaises, et deviendra une vedette du Football Club de Nantes, et non une diva : les grands joueurs restent souvent simples.
Nul doute que José Arribas, qui disparut le 28 septembre 1989, un an auparavant l’entrée en lice de Japhet, aurait adoubé le joueur et apprécié l’homme.
Par P.L.