Musée des canaris Blason

 

Halilhodzic a failli faire ses valises

LE JOUR OĂ™...

Quand il débarque de Mostar en 1981, Vahid Halilhodzic ne parle pas un traitre mot de français. Celui à qui tous les grands clubs d'Europe ont fait la cour pendant plusieurs semaines semble un peu perdu.

Lorsqu’il se pose à l'Hôtel Central à 17h30, il a à peine le temps de déballer ses valises qu’aussitôt le téléphone sonne dans sa chambre. Au bout du fil, un représentant du Torino, grand club italien concurrent de la Juventus, qui vient à la relance, pour une ultime tentative de débauchage. Il l’interroge sur le salaire qu’Halilhodzic va toucher au FC Nantes.

Effet garanti : il lui annonce en retour ce que le Torino était prêt à lui verser. La différence n’est pas mince. En raccrochant, Halilhodzic se demande s’il a bien fait de répondre aux avances nantaises. Le lendemain, il prend conscience de son erreur et est à deux doigts de quitter Nantes sur le champ. Il se maudit d'avoir écouté les Kovacevic, Dzajic, Bjekovic et toute la diaspora yougoslave qui l'ont incité à venir en France, plutôt que de partir en Italie ou en Allemagne, la Serie A et la Bundesliga étant bien plus séduisantes que le Championnat de France, tant financièrement que sur le plan sportif.

Pire : dans les jours qui suivent, Halilhodzic n’est que l’ombre de la vedette annoncée et la presse sous-entend que s’il n’arrive pas à débloquer son compteur buts, c'est – pour emprunter une expression de Georges Brassens – « parce qu'il a laissé quelques plumes à la bataille » sur les quais de la Fosse, le quartier animé de Nantes !

La presse va loin, trop loin. Il faudra attendre le 3 octobre 1981 pour qu’Halilhodzic marque son premier but sous le maillot nantais, contre Lens, à Marcel-Saupin (4-0). La paupière lourde, le regard las, il montrera deux ans plus tard sa tignasse noir corbeau méchée de quelques fils gris : « Je les dois à cette maudite première saison en France… »


UN JOUR, UNE DECLARATION

Thierry Tusseau
« A Marcel Saupin, les spectateurs étaient très proches du terrain. Donc beaucoup d’équipes craignaient notre stade. Si en plus, nous étions en forme, c’était l’enfer pour l’adversaire. Saint-Étienne savait, encore plus après la Coupe d’Europe, qu’en y venant il encaisserait des buts. »
Septembre 1996


LA LEGENDE DU FC NANTES
1943-2018 : 75 ANS D’HISTOIRE
Par Denis Chaumier


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